De la non reconnaissance d'un sondage électronique

Publié le par cntfaupoitiers

De la non reconnaissance d'un sondage électronique

Dans le cadre d'un mouvement social de grande ampleur, les étudiants ont été invités à réfléchir, ensemble et librement, aux réformes entreprises par le gouvernement actuel, et à proposer une vision alternative de la société au cours d'assemblées collectives. Partout en France, et à Poitiers malgré une mauvaise volonté évidente de la présidence de l'Université, des Assemblées Générales se sont tenues. Les étudiants de Poitiers ont alors choisi démocratiquement de prendre part au mouvement de grève, et de mettre en place différents moyens d'action. Il a ainsi été décidé, lors de l'AG du 18 octobre, le blocage des UFR.

 

En négation totale de cette contestation, et au mépris complet du mouvement étudiant, la Présidence de l'Université voudrait aujourd'hui réduire les enjeux de la grève à la simple question du blocage de nos facs. Un mail de "sondage" a donc été envoyé à chaque étudiant, limitant leur consultation à cette interrogation simple : le blocus : "pour/contre/abstention ?" 

 

Le blocus, qui n'est qu'une modalité d'action décidée collectivement, ne saurait être envisagé dans l'absolu. De la même manière, à la question "Êtes-vous favorable à être privé d'essence", qui pourrait répondre positivement? Pour autant, une réponse par la négative marquerait-elle un désaveu du mouvement des salariés des raffineries?

 

Ce sondage n'est, de plus, ni anonyme, ni concerté, ni décisionnaire.

Il n'est pas anonyme, puisque pour voter les étudiants doivent se connecter avec leurs identifiants. On peut donc craindre que cela conduise à un nouveau fichage des individus.

Il n'est pas concerté, puisqu'il relève de la seule initiative de l'équipe présidentielle, contrairement aux propos de la vice Présidente madame Lambert publiés dans la Nouvelle République du Jeudi 21 Octobre1.

Il n'est pas décisionnaire, puisqu'il s'agit d'un simple sondage informatique et non d'un vote. Il prive l'approche du problème de toutes les questions y sont liées, jugule la liberté d'expression de ses destinataires, et fausse fondamentalement le débat qu'il recouvre.

 

La démocratie n'est pas l'interrogation unilatérale, et absurde de sondés électroniques sur une question, importante certes, mais qui fait partie d'un ensemble. L'assemblée générale a pour but d'organiser un débat de fond, une expression libre de chaque étudiant, afin de permettre qu'un consensus émerge sur des positions à adopter, des revendications à porter et sur la conduite des actions à mener, c'est ce qui s'est fait jusqu'à présent.. Les étudiants ont toujours été invités à y participer, plusieurs fois par semaine, et les décisions qui y ont été prises ne sont en aucun cas illégitime. .

 

Après avoir confié à la police le soin d'interdire l'accès d'un amphi à l'assemblée générale sur le campus, après avoir accepté sans réaction l'introduction d'un policier armé, caméra au poing pour filmer les participants à l'AG dans un amphithéâtre, après avoir fait garder par la police l'accès aux locaux de la voie Malraux pourtant mis à disposition régulièrement par le doyen, la Présidence entend priver un peu plus les étudiants de leur liberté d'expression en introduisant le concept du "sondage électronique" en lieu et place de l'Assemblée Générale.

 

Nous condamnons fermement cette atteinte à la libre opinion et à la libre expression des membres de l'Université.

 

1Nouvelle République, Jeudi 21 Octobre, page 3 : [...] Dans le même temps, la présidence a mis en route un sondage auprès des étudiants “ à la demande des membres du mouvement étudiant”, à indiqué Françoise Lambert, Vice présidente.

 

 

Voté le jeudi 21 Octobre en Assemblée Générale

Publié dans Université

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